Dominique Gonzales-Foester a crée une « bibliothèque clandestine » à l'occasion de l'exposition de Philippe Parreno au Palais de Tokyo, Anywhere, anywhere out of the world. Un pan de la cimaise devient l’espace de rangement d’un certains nombre de livres et cette cimaise peut pivoter et s’ouvrir sur la salle ou sont accrochés des dessins de John Cage et Merce Cunningam. On trouve dans cette bibliothèque une dizaine d’ouvrages différents. Selon un adage populaire, « si tu me dis ce que tu lis, je te dirais qui tu es.»
Quelques exemples: Le Maitre du Haut Château, classique SF, écrit par Philippe K. Dick en 1962. Uchronie qui présente un monde où l’Allemagne et le Japon ont gagné la guerre. Les personnages principaux de ce livre vivent des histoires qui semblent éloignés. Leur point commun, c’est leur confiance dans le livre des transformations, le Yi King, ouvrage de divination chinois. Avant de prendre une décision, ils interrogent l’Oracle par un système de tirage au sort. Dans ce monde dominé, un auteur, Hawthorne Abendsen, reclus dans un château, a pourtant écrit un récit audacieux, « La poids de la Sauterelle », où il raconte comment les Alliés ont défait nazis et japonais et remporté la guerre… Cet ouvrage il l’a écrit uniquement en suivant le Yi King. La fin du livre (de K. Dick) est troublante. Abendsen en compagnie de Juliana (une jeune femme qui a tué le nazi chargé d’éliminer l’écrivain) interroge l’oracle pour demander « pourquoi » il a voulu écrire ce livre, et l’oracle répond « parce que c’est la vérité ». Dans ce monde dirigé par les nazis, les personnages doivent admettre que finalement l’Allemagne aurait perdu la guerre. A nouveau une friction entre virtuel et possible, le socle de Réel dans lequel existaient les personnages perd de sa substance. Le livre s’achève au moment où les personnages devraient donc reconnaître qu’ils sont les acteurs d’une fiction.
Lunar Park, écrit par Bret Easton Ellis en 2005. L’auteur se met lui même en scène dans une autofiction perturbée. Le début du livre suit la biographie de l’auteur (sa réussite, la drogue, le porno chic, son enfance et ses études), puis lentement, on glisse sans avertissement dans la fiction. Il épouse une actrice avec laquelle il avait eu autrefois une liaison et emménage dans une luxueuse maison de banlieue. Mais la belle image devient cauchemar. La maison se transforme peu à peu pour redevenir la maison d’enfance d’Ellis (la peinture pèle, la moquette pousse). Puis les fantômes apparaissent. Ces fantômes sont des monstres ou des personnages des romans que l’auteur a inventés dans le passé (comme un monstre de poil noir issu d’une nouvelle rédigée par l’auteur dans son adolescence, ou encore Patrick Bateman, le serial killer de son livre American Psycho).
On trouve également quelques exemplaires du Journal Secret de Laura Palmer. Jennifer Lynch (fille de David Lynch) a écrit ce livre en 1990 en imaginant ce que pouvait contenir le journal de Laura évoqué dans la série et dans le film.